[Portrait] I Ketut Gede Ariana, 44 ans, Indonésie

Ketut-Gede-Ariana

1/ Où es-tu né ?

A Sanur, dans les terres de l’autre côté du by-pass.
Je suis né avec un problème à la jambe. Le docteur a dit que je ne pourrais pas marcher, donc dix mois après ma naissance mon père a décidé de bouger de l’autre coté du by-pass à coté de la plage. En marchant tous les matins dans le sable sur la plage et en nageant un peu dans les vagues, on lui avait dit que ça pourrait s’améliorer.

 

2/ Où habites-tu aujourd’hui ?

Je vis toujours à Sanur !

 

3/ Es-tu marié ?

Je suis divorcé depuis cinq ans maintenant.

 

4/ As-tu des enfants ?

Oui j’ai fait quatre enfants. Mais j’en élève que deux. Les deux autres je les ai fait pour mon frère qui ne pouvait pas en avoir.
Au départ, j’en avais fait un pour moi. Mon père m’a demandé pour que j’en fasse un pour mon frère alors j’ai accepté. Mais quand l’enfant est né, c’était une fille. Alors mon père m’a demandé d’en refaire un pour mon frère et qu’avec de la chance ce serait cette fois un garçon. Le garçon est très important ici. Finalement je lui ai fait une fille et un garçon. Mais mon premier fils qui restait avec moi s’est plaint que je lui faisais des frères et sœurs mais que je les donnais à mon frère, alors j’en ai refait un autre pour que mon fils ne soit pas seul ! C’est un garçon aussi !
Après mon divorce, ils sont allés vivre avec leur mère. J’étais triste mais je leur ai dit « vous êtes libres, si vous voulez rester avec votre mère, il n’y a pas de problème ». Finalement à peine un jour plus tard, ils m’ont rappelé et m’ont dit « on est désolés, on ne veut pas que tu sois en colère, finalement on veut rester avec toi. ».

 

5/ Quelle est ta religion ?

Je suis hindou, comme la plupart des balinais !

 

6/ As-tu été à l’école ? jusqu’à quel âge ?

Oui je suis allé à l’université de Denpasar. J’ai fini mes études à l’âge de 26 ans. J’ai fait cinq années d’études dans l’économie. Je me destinais à travailler dans une banque. C’est difficile de choisir sa voie quand on est jeune, au début j’aimais bien l’architecture mais finalement c’est mon fils qui fait des études là dedans en ce moment !

 

7/ Est-ce que tu travailles ?

Depuis quelques années, j’ai aménagé ma maison pour accueillir des touristes, ça a pris. Et petit à petit, c’est devenu une guest house assez grande et j’ai du embaucher du personnel. Je suis donc mon propre chef, je manage la guest house et le personnel.

Après toutes les taxes gouvernementales et les charges retirées chaque mois, il me reste suffisamment d’argent pour faire vivre ma famille plus que correctement. Pendant la saison basse, parfois il y a certains mois avec peu d’entrée d’argent…

 

8/ Quelles sont tes activités favorites ?

Je suis passionné d’oiseaux et particulièrement de leurs chants !
Avec mon handicap, je ne peux pas faire grand chose. Alors quand j’étais jeune, je me demandais quoi faire pour m’occuper… Je suis allé à Denpasar et j’ai vu une compétition de chants d’oiseaux. Cela m’a tellement plu que j’ai décidé de me lancer !
Au début j’étais encore étudiant, je n’avais pas beaucoup d’argent alors j’ai commencé avec des pigeons.
C’est grâce à eux que j’ai arrêté de fumer ! Je n’avais pas assez d’argent pour les deux ! Il fallait choisir entre acheter des cigarettes ou de la nourriture pour les oiseaux. J’ai bien sûr choisi mes oiseaux !
La vie est belle grâce à mes oiseaux, parfois je remercie dieu de les avoir mis sur ma route !

 

9/ Quel est ton plat préféré ?

Le babi gulin (cochon grillé, plat typique balinais) est mon plat préféré ! Surtout après les cérémonies, on se rejoint tous pour un bon babi gulin. Mais il ne faut pas en abuser car c’est très gras alors attention au cholestérol ! (rires)

J’adore aussi le poisson-chat de lac avec du riz.
Lorsque j’étais plus jeune, nous mangions régulièrement de la tortue de mer… c’est délicieux ! Et vingt personnes peuvent se partager une seule tortue, il y a beaucoup de viande ! Maintenant c’est fini. On ne peut plus en manger.

 

10/ Quelle est ta musique préférée ?

J’aime la musique douce. La musique traditionnelle balinaise me plait bien sûr. J’aime aussi beaucoup Bon Jovy et Guns N’Roses !

 

11/ Est-ce que tu votes ?

Oui bien sûr, tous les cinq ans. Je pense que c’est important, c’est presque une obligation. Si on ne prend pas la peine de voter alors on ne peut pas se plaindre du gouvernement. La politique c’est compliqué.

 

12/ Comment fait-on quand on est malade ici ?

Et bien comme partout ailleurs, on va chez le médecin ou à l’hôpital. Nous devons assumer nos frais de santé. Avec mon handicap, j’ai beaucoup de frais médicaux, heureusement que j’ai les moyens… pour certaines personnes c’est beaucoup plus délicat d’être soigné correctement.
Lorsque j’étais enfant, beaucoup de gens m’ont regardé de travers. J’ai beaucoup pleuré. Une fois, un gars dans la rue m’a demandé pourquoi je marchais comme ça, il voulait se battre avec moi. Quelqu’un m’a défendu en disant « tu ne peux pas t’attaquer à plus faible ». Après cet épisode, j’ai décidé de faire tout pour m’en sortir et être le plus autonome possible mais ce n’était pas facile. Mon père tenait absolument à ce que je marche normalement à 100 % mais ce n’était pas possible car j’avais un vrai problème. Il a tenté toutes sortes de choses. Il m’a même présenté à un homme venu de Java qui disait pouvoir me soigner grâce à un massage ‘‘spécial’’. En réalité, ça n’a fait qu’empirer mon état !

 

13/ As-tu déjà vu la guerre ?

Non.

 

14/ C’est quoi l’amour ?

Depuis mon divorce, j’ai arrêté de penser à l’amour… j’ai fait une croix là dessus ! J’aime mes enfants bien sûr !
Pendant ma jeunesse c’était compliqué avec les filles, peu d’entre elles ont voulu de moi compte tenu de ma situation. Quand j’étais en vélo ou dans la mer et que je les draguais ça allait mais dés que je sortais et devait marcher : elles s’apercevaient que je boitais beaucoup et ne voulaient plus de moi.

 

15/ C’est quoi le sexe ? 

Je ne sais pas. J’ai divorcé il y a cinq ans. Je n’ai pas eu de relations depuis. Certains amis me disent de voir des professionnelles mais je ne veux pas. Ce n’est pas envisageable. Comment faire ça avec quelqu’un que l’on ne connaît pas ?
De toute façon je suis très occupé avec mon activité alors je ne m’en préoccupe pas vraiment ! (rires)

 

16/ Qui sont les personnes les plus chères à tes yeux ?

Mes garçons.

 

17/ Quelle est la chose la plus importante à tes yeux ?

De pouvoir rester totalement indépendant et d’avoir des conditions de vie normales malgré mon handicap.

 

18/ Quel serait ton plus grand rêve ?

J’aimerai raser la maison où j’ai mes souvenirs avec mon ex femme et faire un jardin à la place. Réparer l’ancienne maison pour y vivre. De cette manière, j’aurais une vue sur le temple familial.

 

19/ Est-ce que tu connais mon pays la France ? si oui, donnes-moi 3 mots pour la qualifier ?

Oui.

Sympa : tous mes clients français sont sympas ! Je ne devrais pas dire ça mais quand mon client arrive et dit qu’il est français, je suis content car je préfère ça, qu’il soit australien par exemple (rires)

Echange : les français que je connais ont partagé avec moi de bons conseils pour améliorer ma guest house.

Pas riches : les français sont les seuls touristes à la peau claire à être bien souvent fauchés ! (rires)

 

20/ Et pour finir, donnes-moi 3 mots pour qualifier ton pays ?

Tradition : nous sommes très attachés à la culture et aux traditions balinaises !

Tourisme : c’est très important pour l’économie de notre île.

Chance : nous sommes chanceux d’avoir du tourisme qui permet de donner du travail à beaucoup de personnes, mais ce n’est pas par hasard. C’est parce que nous faisons des offrandes et des cérémonies chaque jour pour demander aux dieux de veiller sur l’île.

 

 

Cet article fait partie d’un projet de série de portraits qui sera mené durant tout notre voyage. Retrouvez le détail en cliquant ici.

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